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    En fait, j'ai trainé Nate sur beaucoup de forum. La plupart de cette histoire date d'il y a 4-5 ans, sauf la fin où il y a le retour à la Wammy's House.
    Nate, de son vrai nom Lawliet, va prendre le surnom de Legacy (l'honneur) en rentrant à la Wammy's House.
    J'ai des trucs comme l'histoire de famille si tu veux suivre je te le met de suite





    Angleterre – Winchester- Une chambre de la Wammy’s House

     

    De sombres couloirs courent et s’entremêlent les uns aux autres, dansant ensemble sur plusieurs étages. Leurs murs délavés, tachés et sombres cherchent à repousser les êtres s’y aventurant. Mais rien n’y fait. Malgré toutes leurs sottes tentatives pour regagner un semblant de paix et de quiétude, les cris d’extases et de jouissances entachent et font frémir l’atmosphère suintante de phéromones. Les portes, avides de préserver le contenu de leur pièce pour elles seules, sont fermées et se plaignent de toutes intrusions par de stridents crissements et autres gémissements engourdis. L’une d’elle, pourtant, n’accomplit pas sa besogne.
    Est-ce par lassitude ? Ou tout simplement pour laisser entrevoir à quelque curieux l’étrange habitant de cette chambre, le prohibé exécutant sans un mot sa pénible et lourde tâche? Une personne, à la fois si semblable et si différente des autres habitants de la demeure. 
    Un
     démon au masque d’ange faisant percevoir le paradis en emmenant ses proies dans les limbes de l’enfer. 
    Sous les draps collant de sueur, de moiteur, de jouissance et de dégout, deux corps s’affrontent, se griffent et se cherchent, glissant l’un comme l’autre vers une union maculé par le sang, la honte et l’argent. L’étoffe de tissus glisse péniblement loin de ses êtres décharnés par la misère, découvrant un homme d’une banalité affligeante surplombé par un chérubin déchu de son statut. Tout dans son apparence transcrit la grâce et l’élégance. Que ce soit son corps élancé, finement sculpté, ses muscles discrets roulant sous une peau d’une pâleur envoutante, ou ses longs et fins cheveux qui, jalousés par les rayons de la pleine lune, semblent devenir soie argenté. Sa prestance, sa force, tout dans son port et sa cambrure androgyne contraste avec l’aura de sensualité qu’évoque volontairement sa chute de rein affriolante ou son corps dénudé, libre de toutes entraves. 
    D’entres ses fines lèvres purpurines, fruit interdit que s’offre le pécheur, aucun son ne s’échappe, que cela soit par pudeur ou fierté déplacée. C’est avec tout autant de vanité que l’albinos –en est-ce réellement un ?-, allant à l’encontre des désirs de son coup d’un soir, le chevauche, le surplombant malgré ses menaces qui deviendront bientôt gémissements et suppliques extatiques. Comme tant d’autres, l’exécrable vermine des bas quartiers se laisse piéger par la veuve noire, la mante-religieuse qui part son corps ravage sa proie.



    Né de parents pauvres comme tous dans les tréfonds de l’enfer où ils vivent, entre misères, damnations et cruautés, Legacy n’est apparemment qu’un orphelin « comme les autres » ayant souffert de quelques maux semblables à ceux de son camarade le plus proche.
    Du moins, voila en quels termes est évoqués ce jeune homme de vingt-deux ans dans les boyaux sombres et obscurs de cette bâtisse si méconnue du nouveau monde. Il ne serait qu’un garçon, surdoué certes, ayant vécu une enfance presque trop paisible pour pouvoir vivre dans ce monde empli d’injustices. Rien de plus qu’un fils de prostituée, ignorant ses congénères par simple snobisme ou étant trop courtois avec d’autres. C’est selon.  

     

    Pourtant, la vérité n’est pas celle que l’on croit. Loin de là.

     

    <-.•*`¯`*•.->

     

    De sa vraie identité Lawliet Wickedness de Sade, ce jeune garçon albinos, aujourd’hui surnommé Legacy, vit le jour dans une contrée brumeuse de la belle Angleterre. Un petit conté perdu entre deux collines un peu trop hautes, où s’accrochaient perpétuellement quelques nuages brumeux ayant décidé de venir agacer le monde afin de jouir de leur passe-temps favoris, à savoir, observer les quelques vies inintéressantes qu’étaient celles des humains. 
    Un jour pourtant, quelques cris attirèrent l’attention de ses brumes qui se penchèrent, en la faveur de la nuit, sur le berceau d’un être fragile venant à peine d’être confronter pour la première fois à la dure et difficile vie.

     

    Une enfance idyllique, telle était l’idée que se faisaient les gens sur les premières années de vie de ce petit être. Quoi de plus logique en effet, pour le second fils et successeur légitime de la riche et non moins connue famille Wickedness. 
    L’autorité suprême, le père du damoiseau, Mike de son prénom, était un célèbre avocat réputé pour avoir sorti de l’ombre quelques odieuses machinations et avoir défendu autant de causes insoutenables. Avec sa femme, détentrice d’une des plus grosses filiales mondiales du luxe et spécialiste reconnue des arrangements floraux, leur famille possédait une petite fortune des plus conséquentes pouvant subvenir à tous leurs besoins. Il allait de soit que leurs enfants avaient devant eux une route toute tracée vers un avenir des plus prometteur, notamment le cadet, Lawliet, qui portait sur ses frêles épaules d’enfant sage la succession de leur illustre famille. 
    La mère de ce dernier, Adélaïde, était, tout comme son mari, d’une bonté assez flegmatique et se préoccupait grandement de l’avenir de ses tendres enfants, qui étaient « sa vie » comme elle l’affirmait souvent aux ménagères. L’un des souvenirs d’elle que possède encore l’albinos restera son sourire angélique, toujours si protecteur et aimant envers lui, mais qui, il l’apprendra à ses dépends, cachait tant. 
    Et puis, Lawliet avait la chance d’avoir un grand frère responsable et aimant qui s’occupait de son éducation. Quoi de plus parfait pour grandir et s’épanouir?

     

    La petite gente n’avait pas conscience qu’ils n’avaient là que la partie visible de l’iceberg. Que vivre dans une telle « famille » équivalait à vivre emprisonné par les apparences d’une prison doré s’illustrant au travers d’un orphelinat crée par les Wickedness, qui fut par la même occasion sa demeure.

     

     

    Orphelinat Wickedness - Keroubim’house

     

    Une grande et majestueuse porte s’offrait à la vue des rares mais importants visiteurs. Sculptée finement dans un bois ressemblant fort à l’érable, les armoiries de leur très ancienne famille s’y étalaient fièrement, gravés avec finesse. Et dans l’embrasure de cette porte, un jeune garçon de six – peut-être sept ans – attendait que son entrevue commence.  Il observait, émerveillé, le splendide bureau de son père, où de magnifiques compositions florales trônaient ça et là, ainsi que la vue enchanteresse que la baie vitrée permettait de contempler. Discrètement, il s’y faufila et posa son front contre le verre frais, quelques mèches pâles encadrant délicieusement son visage aux traits juvéniles sous le regard sévère des portraits présents.  
    Ainsi abandonné au vide, il avait l’impression fugace et irréelle de voler alors qu’en douce musique de fond, la voix tendre de sa mère se répercutait dans la salle par le biais de la radio. Un sourire mutin lui monta aux lèvres, son corps baigné de lumière se réchauffant avec plaisir lorsque la voix sèche et implacable de son père retentit. Le sourire s’enfuit, retournant loin des méandres de ses lèvres.

     

    « Lawrence m’a fait part de ton incapacité à te concentrer durant tes leçons, fils. Je t’ai déjà surpris plus d’une fois à flâner dans le parc, observant de futiles papillons, mais étudies-tu sérieusement comme je te l’ai ordonné ? Certainement pas ! Tu continues à te pavaner auprès des souillons d’orphelins qui te servent d’amis loin de tes livres !»

     

    Respirant la droiture et l’obéissance en cet instant redouté, Lawliet ferma les yeux, attendant la gifle qu’il reçut sans grande surprise. Il avait fauté, en voila la conséquence, somme toute logique. Placide, il affirma à son père qu’il n’aurait plus à le reprendre mais de ne pas ennuyer ses amis. Sa demande n’obtint pour toute réponse qu’une volée de claque qui le fit tomber au sol. 
    Il y resta en silence, attendant la sortie de son père, les épaules secouées de nombreux soubresauts alors que, vainement, il tentait de retenir ses larmes, la tête rejetée en arrière pour empêcher cette garce de gravité d’accomplir son méfait. Aucun pleur ne franchira les barrières de ses fins cils. Aucune larme, aussi discrète soit-elle, n’aura le droit de venir mourir sur ses lèvres.

     

    « Tu es faible, Lawliet. Que fera-t-on de toi… 
    - Lawrence… »

     

    Sans un mot de plus, le cadet trouva refuge dans les bras réconfortant de son frère. Le Prince de la famille, répondant à l’exquis prénom de Lawrence, était un jeune homme fait d’éloquence, de prestance et d’un charme envié de beaucoup. Fils illégitime issus d’une union hors-mariage, il avait été, enfant, le ‘batard’ de la famille. Du moins, avant qu’il ne prenne sous son aile son petit frère lorsqu’il naquit. Le petit chérubin n’avait d’yeux que pour son ainé, toujours préoccupé par son triste sort, contrairement à son père qui ne cessait de le réprimander. Perdu dans la candeur de l’enfance et de l’innocence, il ne savait pas encore percevoir la triste vérité.

     

    « Tu as encore mis Père en colère. Na feras-tu donc jamais rien pour me contenter ? Ce n’est pourtant pas bien compliquer d’apprendre des leçons. 
    - Je veux te faire plaisir mais…
    - Mais tu préfères t’amuser. Je sais pourtant ce qui est bon pour toi. Enfin, puisque tu n’en as que faire... »

     

    Paniqué, l’enfant se serra plus étroitement dans les bras de son frère, lui murmurant à-demi mots qu’il ne souhaitait pas être abandonné. Un rictus affligé fleurit les lèvres de Lawrence qui l’éloigna pour donner plus d’impact à ses traitres mots.

     

    « Tu ne peux vraiment rien faire sans moi mon pauvre Law’.
    - Je m’en excuse… souffla-t-il, penaud.
    - Tu es un poids… mais je ne peux pas te laisser te débrouiller seul, tu es trop faible et adorable. Ecoute-moi cependant à l’avenir ! »

     

    Reconnaissant de cette attention, il posa un baiser timide sur la joue de son ainé pour remercîment et s’enfuit après avoir récupéré un livre qu’il comptait apprendre pour ne plus contrarier son protecteur.



    Inconscient de l’emprise funeste que pouvait avoir Lawrence sur son comportement, il se dirigeait d’un pas joyeux vers un coin tranquille afin d’effectuer sa lecture, lorsqu’une ribambelle de boucles blondes lui coupa la route. Un rire cristallin s’échappa d’entre les lèvres boudeuses de la damoiselle lorsque son royal fessier atteignit douloureusement le sol qui n’avait en rien souhaité cette agression. Une enfant du même âge que le blondinet –ses cheveux s’apparentaient-ils à l’astre lunaire ou solaire ?- le regardait tendrement, une lueur moqueuse et malicieuse au fond de ses prunelles chocolatées. « A croquer » songeât-il, admiratif et légèrement jaloux, déçu de ses propres yeux bleu glacier.

     

    « Devlynn ! » s’écria-t-il, le ton faussement mécontent, rentrant dans son jeu.

     

    La dénommée Devlynn prit un air très sérieux avant de se plaquer les mains contre ses oreilles en récitant d’un ton docte que « Non cette chose affreuse n’est pas mon prénom ! Je m’appelle Leen ! ». L’orpheline sourit avant d’aider Lawliet à se relever, lui parlant d’une sombre histoire de dinette en compagnie d’un certain Mad. Devant la fraicheur de son amie, il se permit d’oublier son livre pour redevenir, l’espace de quelques insaisissables instants, l’enfant qu’il était censé être.

     

     

    « Bêêêêh ! Fait le mouton ! Bêêêêêh ! Bêêêêêh ! »

     

    Au dernier étage, le long du corridor principal, un petit mouton scandait sa chanson. Un tout petit mouton orphelin aux grands yeux vert d’eau, presque comme ceux de son meilleur ami, et aux cheveux blonds vénitiens tout frisés, ce qui lui valait les moqueries de beaucoup d’adultes tout comme des enfants. 
    Mais innocemment, tout vêtu de blanc, le petit mouton sautillait gaiement. Il cessa pourtant sa mélodie lorsque des cris retentirent. N’ayant pas apprit que la curiosité était un bien vilain défaut, mais aussi la plus belle preuve de l’enfance, il s’approcha du bureau du directeur, écoutant, discrètement, les éclats de voix qui en provenaient.

     

    « Vous l’avez avoué de nombreuses fois ! Mettez en application ! Il est trop jeune, trop faible et trop sot pour accomplir cette tâche ! Pourquoi ne pourrais-je pas prendre sa place ? 
    - Lawrence nous en avons déjà discuté ! Et ton frère est en avance pour son âge, bien qu’il soit trop rêveur à mon goût. Contente-toi de parfaire son éducation comme tu l’as toujours fait.
    - Cette chose n’est pas mon frère !
    - Et tu n’es pas mon successeur, alors reste à ta place Lawrence, pour la dernière fois ou… »

     

    Le petit mouton, effrayé par le bruit du verre qui se brise avec violence et véhémence sur le sol (qui n’avait toujours rien demandé), s’en fut en courant vers les étages inférieurs, son mouton en peluche serré contre le cœur, espérant ne pas avoir été vu du grand frère de Lawliet. Certes, il n’avait pas tout compris, mais mieux valait ne pas en parler. Il en était intimement convaincu. Alors qu’au détour d’un couloir il bêlait ses sempiternels « Bêêêh ! », une voix suraiguë l’interpella.

     

    « MAAAAAAD ! Moi et Law’ ont te laisse tout seul pour aller jouer si tu nous ignores encore ! Ou pire ! On te laisse sous la pluie et, mon petit mouton, tu rétréciras ! »

     

    Lui tirant la langue, Mad les rejoignit avec plaisir, taquinant ses camarades et ébouriffant les cheveux de Lawliet sous ses nombreux cris de protestation. Ce fut dans cette atmosphère bon enfant, et sous le regard inquisiteur d’une personne tapis dans l’ombre, que le petit groupe partit s’amuser.
    Et Lawliet ne remarqua pas dans ses jeux, que le livre qu’il avait laissé choir sans y penser, avait été ramassé par son frère sortant tout juste d’un entretient houleux à son propos. Et il ne se douta pas de l’importance de son oubli. Il s’en fut simplement jouer, libéré pour quelque temps de ces devoirs contraignants.

     

    Quelle est belle, l’innocence fragile des enfants !

     

     

    Plusieurs mois étaient passés sur le visage des gens, et la vie coulait toujours, inlassablement, innocente et rajeunissante. Les trois enfants, arborant fièrement leurs huit ans, s’appréciaient toujours autant. Qui aurait pu se douter que cette pureté cachait les germes de la pourriture pour l’un d’entre eux et que la Destinée guettait l’instant fatal qui nuirait à tous?

     

    Quelques changements étaient survenus. 
    Lawliet se faisait plus distant et plus froid envers son grand frère, l’esquivant avec grand soin. Il se félicitait d’avoir réfléchi plus sérieusement à la situation qu’il vivait avec lui et, craintif depuis quelques nouveaux évènements, préférait le fuir. Il évitait ainsi de le contrarier et occupait le plus clair de son temps à étudier avec ses deux meilleurs amis qui le distrayaient, s’attirant les foudres et les sarcasmes des autres orphelins qui avaient commencé à le dénigrer. Un changement comme un autre, sûrement occasionné par la préadolescence, comme l’expliquait avec assurance les adultes de la demeure.

     

    Mais le changement le plus important, à cette époque, fut le retour inopiné et furtif de Lavlah à l’orphelinat.

     

     

    Il pleuvait à torrent ce soir là.
    Lawliet s’était réfugié sous les grands escaliers du hall pour lire l’ouvrage que sa mère lui avait apporté fébrilement. L’Apocalypse, un vieux testament apparemment très important qu’il devait connaitre par cœur. Adelaïde lui avait révélé la veille, que ce livre expliquait l’importance du chapelet en argent qu’il portait constamment autour du cou et que cette histoire était très importante pour elle. Heureux de pouvoir faire plaisir à sa mère, toujours si calme et bienveillante bien que si souvent absente, l’enfant avait acquiescé avec joie.
    Il en était à la fin de l’ouvrage lorsque l’on sonnât avec empressement à la porte. 
    Discrètement, il sortit de sa cachette pour apercevoir la nouvelle arrivante.



    Une très belle femme, ayant certainement le double de son âge, se tenait fièrement dans le hall de sa demeure. Le corps frissonnant sous l’humidité perfide de ses vêtements, ses longs cheveux noirs ruisselant d’eau, elle fixait son regard semblable aux saphirs les plus purs sur l’enfant qui l’observait à la dérobée, visiblement impressionné par cette inopportune apparition.

     

    Lawliet, tout à sa contemplation, cherchait dans ses souvenirs où cette drôle de dame était déjà apparut. Il ne craignait pas sa présence, ni le rapprochement qui s’était effectué. Tout près d’elle, alors que son étrange visiteur s’était agenouillée une lueur folle dans le regard, il s’exclama, étonné :

     

    « Grande sœur ! »

     

    Il se souvenait à présent d’elle. Vaguement certes mais, oui, c’était bien celle qu’on lui avait présenté il y a deux ans de cela comme étant son ainée, et une « nouvelle Caïn ». Etait-ce un compliment ? Voila la question qu’il s’était alors posée. Avide de connaissance, il allait la lui poser quand la jeune femme lui passa avec rudesse la main dans les cheveux, riant soudainement aux éclats.
    Voici donc le successeur, celui tant attendu, le « Messie » comme elle l’avait nommé à sa naissance. Son bourreau au visage d’enfant se tenait devant elle. Elle qui avait été renié à cause de sa nature féminine, elle qui avait tant souffert pour ne pas avoir été cet enfant au visage d’ange, contenait les vagues de haine qui déferlaient à la vue de ce petit être. 
    Il n’y était pour rien certes, simple marionnette à l’esprit malléable, pauvre jouet poursuivant les desseins de ses parents. Mais elle ne pouvait faire autrement que de le haïr.



    Le jeune enfant, guère rassurée par l’hystérie de l’intruse, se recula de quelque pas lorsque sa mère apparut dans les escaliers. Ses deux enfants se retournèrent vers elle, alors qu’elle ordonnait à son fils de la rejoindre. Avec un dernier regard pour sa sœur qu’il revoyait pour la seconde fois, il se réfugia dans les jupons de sa mère. Silencieux, il écouta les cris et les mots qu’échangèrent les deux femmes de la famille, sans en comprendre tout le sens.

     

    « Tu t’es laissé pousser les cheveux comme Lilith, démone !
    - Autant accomplir votre volonté jusqu’au bout, Mère.
    - Que fais tu ici Lavlah ! 
    - Je venais voir les êtres qui m’ont maudit ainsi que votre « Messie » ! »

     

    D’un geste qui sembla protecteur à l’enfant, Adelaïde le ramena contre sa poitrine, le prenant dans ses bras. N’ayant que rarement droit à de telles preuves d’affection, l’enfant se blottit dans le giron de sa génitrice, cherchant une signification à tous ces mots incompréhensibles.

     

    « Tu souilles le sol de notre maison ! Intruse dans nos vies, vagabonde aux bras d’un bellâtre, tu devrais retourner d’où tu viens. Je ne laisserais pas Lawliet jouer avec Lilith.
    - Toujours aussi superstitieuse à ce que je vois, mais tu n’aurais rien à craindre de la signification de mon prénom si, le jour honnit de ma naissance, tu ne m’avais pas attribué le prénom de Lavlah. Ne t’en prends qu’à toi, orgueilleuse femme, si aujourd’hui tu vois en moi Lucifel.  
    Quelle hérésie ! Toi qui sacrifie tes enfants, ne pense pas être une sainte femme car de nous deux tu es la plus haïssable. Je vous déteste, je vous hais, je vous exècre et vous abhorre ! »

     

    Courageux et téméraire, Lawliet Wickedness prit la poudre d’escampette lorsque, de fureur, sa mère lança à sa grande sœur un magnifique vase chinois. Il préféra ne pas s’aventurer à nouveau dans le hall de toute la soirée, la tête emplit de questions qui resteraient sans réponses durant de longues années.

     

     

    Cette nuit-là, loin de sa chambre et de ses draps de mauvaises augures, Lawliet se refugia dans un petit placard perdu aux confins de l’orphelinat. Seul mais en sécurité, il songeait à son anniversaire qui serait fêter le lendemain. Inquiet et fébrile, il réfléchissait à sa journée lorsqu’une raie de lumière pénétra son refuge, fendant l’obscurité rassurante qui l’enveloppait amicalement.

     

    « Bêêêh ? » fit une voix.

     

    Un sentiment de joie volatile s’empara de lui qui, brusquement, attira son ami dans sa cachette. Ils restèrent en silence au départ. Se reposant l’un contre l’autre, apaisés. Du moins Mad l’était. Il en était tout autre pour Lawliet qui refreinait difficilement un sentiment de mal-être grandissant. Les ténèbres emplissant son cœur l’étouffaient. Il suffoquait au plus profond de lui-même.



    Ce fut au départ, un sentiment horrible de manque qui lui fit se confier à son ami. Il avait beau être un enfant, il savait que, quelque part, parler de « ça » au blondinet était difficile. Mais ils s’étaient juré de tout se dire. Tout… ? Cela incluait-il le fait que son grand-frère n’était guère doux avec lui ? Devait-il avouer la violence des mots qu’il utilisait et l’aversion à son encontre qu’il percevait fugacement dans les gestes de son ‘protecteur’ ?
    Devait-il lui conter ses nuits ? Nuits de cauchemars, nuits qui l’épuisaient, nuits où, lorsque l’autre ne venait pas, étaient passés à veiller dans le doute d’un douloureux réveil impromptu ? Il ne parvenait pas à comprendre le pourquoi. Bien que ce mot puisse être mis au pluriel.
    Le pourquoi son frère devenait, tout comme son père, violent avec lui. Le pourquoi sa sœur, elle qu’il n’avait jamais pu approcher, ne voulait pas de son existence. Le pourquoi de cette vie qu’il devait assumer. Le pourquoi de ses idéaux en lesquels il ne croyait pas mais qu’on lui imposait !
    Ses pleurs coulèrent sans retenus sur les sillons de ses joues, alors que, serré dans les bras de son meilleur ami qui tentait, tant bien que mal, de le réconforter, il s’épanchait sans retenu. Il lui expliqua comment les regards jaloux et envieux des autres orphelins le brûlaient et le détruisaient, en plus de sa propre vie de famille, combien lui et Leen étaient les seules personnes chères à son cœur si meurtri et désolé.

     

    Ce fut la dernière fois qu’il pleura… et aussi la dernière fois que Mad le vit encore pur et innocent.

     

    Il disparut le treize décembre, jour de son dixième anniversaire, sans que rien manque au monde, immense et radieux. Personne ne sut à l’orphelinat où l’enfant s’était volatilisé. La question se posa essentiellement auprès des deux amis de l’albinos, et plus particulièrement dans l’inconscient d’un fragile petit mouton qui avait recueillit, la veille, les pleurs de son ami si précieux. 
    Mike Wickedness en fut catastrophé, voyant en cette disparition un bien funeste présage. Adelaïde, chercha une explication, catastrophée, tandis que Lawrence soulevait terres et mers pour retrouver son cadet. La populace s’en inquiéta bien au début. Puis, peu à peu, cette histoire trépassa dans l’oubli, noyée dans le flot de catastrophes, de morts et de disparitions qui frappait continuellement le monde.

     

    Lawliet disparut un an et, durant cette année…



    <-.•*`¯`*•.->

     

    Les ténèbres étaient noires comme de la laque.
    Lawliet restait là, immobile, pétrifié.
    Un son cristallin résonnait dans le noir, comme le bruit d’une eau qui tombe goutte à goutte dans une grotte. Mais il n’était pas dans une grotte. Peut-être dans son esprit, qui sait ?

     

    Lorsqu’il sortait de sa somnolence, sa première pensée était "Où suis-je?", pensée éternellement suivi de "Quand sommes-nous?", "Qui suis-je?", "Ai-je existé ou ne suis-je qu'illusion?".
     Il ne savait plus. Plus rien. Voilà maintenant - combien ? - des mois qu'il ne savait plus. Où serait-ce des semaines? Des jours? Des heures? Ou juste quelques éternelles minutes aux robes couleur infini?

     

    Tant de temps que le temps n'était plus un temps. Tant de temps qu'il était là, amorphe. Qui était-il ? Depuis quand était-il là ? Qu’y faisait-il ? La lumière avait-elle un jour existé? 
    Tant de temps qu'il avait perdu tout repère chronologique, plongé dans une nuit indéfini, enfermé dans une pièce minuscule et pourtant si désespérément sombre et vide. Tant de temps qu'il n'avait plus aucun pouvoir sur rien. Simple oiseau aux ailes brisées, enfermé dans sa cage. Mais les murs étaient-ils durs et solides ou mous et flexibles? Etaient-ils réels ou de simples démons de son imagination farfelue qui lui jouait encore quelques tours? Il replongeait après de longues heures dans l’inconscience, ce monde où douleur est monnaie courante. Perpétuellement.

    Les ténèbres encore et toujours. Profondes. Insondables. Dans ces ténèbres sans repères, sans haut ni bas, une lumière aveuglante perça soudain l’obscurité, laissant se dessiner à contre-jour, l’esquisse d’une entité. Le corps de l’enfant se recroquevilla, se protégeant d’ors et déjà. Réagissant pour la dernière fois. Tentant, vainement, de séparer son corps de son âme, les sensations des pensées. Mais rien n’y fait.

     

    Perdu dans le désespoir, le regard vide, affable, Lawliet tenta de voir les traits de son bourreau. Lui qui, chaque jour, lui faisait connaître la mort. Lui qui, inlassablement, jouait de son corps. 
    Lui. 
    Mais qui ? 
    Qui pourrait vouloir faire cela à un enfant ?
    Qui serait assez aliéné pour avoir de tels gestes envers cette misérable forme haletante, frissonnante à même le sol ?
    Qui, dans ce monde, oserait jeter le mauvais sort, de cette manière ? 
    Occasionnant tant de maux ? Rongeant tant de vie de l’intérieur ?



    Bien trop d’êtres en sont malheureusement capables. L’enfant l’a apprit, et, chaque jour, la leçon s’ancre plus profondément dans ses chairs. Toujours plus violente, lancinante, perturbante. Souillant et déshonorant son cœur, autant que la position humiliante de son corps.

     

    Mais rien, ni le froid mordant sa chair pâle et nue, ni les chaines emprisonnant constamment ses fins poignets d’enfant, ne parvenait à faire oublier les mots prononcés et les larges mains poisseuses parcourant son corps comme deux langues de feu calcinant sa peau.

     

    « Vis ceci comme si tu devais mourir demain… »

     

    Il les haïssait, ces mains. Ces milles et un serpent ondulant sur son corps, caressant avec violence son torse, ses flancs, l’intérieur de ses cuisses brusquement écartées. S’amusant de ses tressaillements incontrôlables alors que, retourné et plaqué férocement contre les barreaux de fer où il s’agrippait, son séant se retrouvait écartelé. Son intimité forcée. 

     

    « Sens ceci comme si tu devais être réincarnée maintenant… »

     

    Mais comment ne pas le sentir ? Ce sexe douloureux déchirant ses chairs, écartelant son corps, scindant en deux tout son être alors qu’il n’essayait même plus de le repousser. 
    Comment ne pas la vivre ? Cette inlassable douleur, courant au triple galop le chemin de ses veines en fusion, filant à l’allure des battements empressés de son cœur. 
    Encore ce mal qui le rongeait de l’intérieur, trop souvent. Les coups de butoir se faisaient plus profonds, plus perfides. Plus… avides aussi. 
    Ses grands orbes verts perdus dans l’infini, Lawliet tentait, en quelques gestes désespérés, de fuir cette macabre mascarade, ses bras fins, attachés, battant convulsivement dans le vide. Ne l’aidant en rien, le sinistre son de ses chaines s’entrechoquant, aussi âprement que leur deux corps, ajoutait à son supplice.

     

    Pareillement aux dernières fois, l’oxygène commença à lui manquer alors que quelques cristaux salés tentaient de s’échapper de ses yeux écarquillés d’effroi. Tandis que sa gorge se nouait, que ses mots se bloquaient, un déclic se fit entendre. 
    Et doucement, presque ‘tendrement’, la lame effilée d’une arme blanche lui incisa les reins. Délicatement, l’objet flirtait avec ses courbes, les épousant. Les baisant. Sans jamais approfondir le contact. Il ne faudrait pas abîmer cette si belle peau, n’est-ce pas ?

     

    L’enfant, les yeux clos, cherchait à inhiber ces fugaces impressions, ne souhaitant qu’une échappatoire. Quelle qu’elle soit. Un rêve de mort, surplombé d’un soleil noir, ou une nuit de désespoir. Qu’on lui ôte la vie serait plus doux. Mais qu’importe. Personne ne lui offrirait sa rédemption. 
    Jamais il ne fuira ce mal qui le tue à petit feu. 
    L’oxygène manquera toujours à Lawliet qui s’essoufflera.



    Les mouvements s’accéléraient. Enfin… ?
    Gorge étranglée, il s’étouffait, suffocant sous la pression fourbe qu’exerçaient les doigts de son violeur. Il n’avait plus envie de rien. Qu’il en finisse. Cependant, sa reddition avait pour conséquence de galvaniser son agresseur, tombant en cette infamie qu’est l’extase.
    Venait alors son heure. 
    Partant au loin, il se mourrait, recueillant l’immondice qui permettait à cette… chose de procréer.   
    Le cœur au bord des lèvres, écœuré, il ne pouvait que sentir la semence de son agresseur glisser le long de ses fesses et du galbe de ses jambes. Impuissant, il récoltait au creux de son oreille, les sourds gémissements de satisfaction qui s’échappait des lèvres maudites. 
    Et à nouveau, se mélangeant au sperme de l’homme, son sang.

    Suite à ses évènements, les chaines de Lawliet tombaient, laissant ses articulations ankylosées se mouvoir faiblement. Il tentait bien d’émousser sa peur, abjecte et vile démonstration de son infériorité, mais que pouvait-il faire à par espérer quelques gestes de mansuétude ? 
    Il n’avait pas, comme attentes mirifiques, l’envie d’une sollicitude fausse, et encore plus infâme que sa situation présente. 
    Tout à son émoi des douleurs passées, le petit être éploré ne remarqua pas que la seconde partie du ‘jeu’ allait débuter. Il se crispa entièrement alors que la répugnance s’inscrivait dans ses prunelles à demi-closes, toujours plus froide, distante, insensible à tout ce qui l’entourait. 
    Le moment de prédilection de son tourmenteur semblait être l’instant où, impétueusement, le tranchant d’une arme blanche déchirait ses chaires, continuant silencieusement le travail commencé par le viol.



    Ce passage de sa vie, loin d’être leste, fut marqué par les propos licencieux et la jubilation de son agresseur qui, inlassablement, perpétuait ses méfaits dans ce monde d’injustice.



    Les ténèbres étaient noires. 
    Et le cœur de Lawliet le devenait peu à peu, se tachant d’encre et de sang.

    Ces instants douloureux vécus avec son agresseur, aussi bien mental que physique, ne cessaient que lorsqu’il se trouvait repus du spectacle, jouissant du plaisir de voir Lawliet trembler sur le sol, nu, les yeux rivés vers un point inconnu. En ces moments, l’achromique se protégeait, la tête entre ses mains, attendant la sentence qui ne manquait jamais d’être prononcée.

     

    « Fais Face à cela comme si tu devais vivre éternellement. »


    La dernière phrase de son discours fielleux fut entendu de l’enfant qui, devenant plus instable, jaugea de son regard morne l’éclat attirant de l’objet du crime. Faire face, par la douleur, par le sang ? Pour vivre éternellement, il fallait se réincarner. Pour mieux fuir aussi.

    « Réponds-moi, bel ange.
    - … j’en fais le serment. »


    Alors, après avoir tant souffert, il caressait du bout de ses doigts la lame. Cette même lame qu’Il utilisait lors de leurs ébats impurs et ignobles. C’était sa chance d’en finir. Celle qui se représentait après chaque viol et qu’il laissait immanquablement s’échapper. Qui toujours s’enfuyait, nourrissant ses lamentations.

     

    La déconvenue de ses regrets déchirants, le convainquait de réitérer son geste malheureux et, d’un coup sec et bref, il intimait à la vie de suivre le chemin de son sang, s’écoulant le long de ses bras. Y serpentant, sous le regard narquois du Destin. L’abandonnant, définitivement.

    Tout aurait été si simple, tellement plus logique, si l’enfant avait rendu son dernier soupir.
    Mais à quoi bon faire tant souffrir, si le plaisir indicible de savoir cette âme marquée à vie n’était pas présent ? Pourquoi laisser au chérubin, une quelconque solution ? Mieux valait permettre aux aléas de la vie de raviver les souvenirs morbides de ses instants passés ensemble.



    Quoique Lawliet fasse, quoiqu’il tente, cela n’en finissait pas.
    Son agresseur le soignait, avec violence certes, mais le maintenait en vie envers et contre tout. Envers et contre sa volonté qui hurlait à la Mort de revenir le chercher, loin des souffrances dont il pâtissait. Loin de cette eau salée, rongeant ses blessures encore à vif, heurtant sa peau et la marquant un peu plus à chaque nouvelle agression, aussi sûrement que son esprit qui s’effritait lentement.



    Ses espoirs de liberté anéantis, les mains posées entre ses cuisses rougies, l’enfant relevait son visage, les yeux clos en quelque figure de sacrifice. Il s’offrait à la douleur, inévitable. 
    Comme une bête, il attendait que son incapacité à se supprimer soit apposé sur sa peau. Il n’était que du bétail et avait conscience de la bassesse de son corps et de son âme, son cœur lui, n’exprimant désormais que douleur et haine.


    « Tu es comme un papillon… un magnifique et majestueux lépidoptère. La lumière de l’espoir t’attire irrésistiblement et ta vie est aussi éphémère et instable que ce misérable insecte. Attention à ne pas te brûler les ailes… »


    La turpitude de ses actes et de ses propos n’avaient d’égal que la douleur vivace et vindicative que le bourreau infligeait à sa victime. Au fer chauffé à blanc, il apposa une marque sur le torse pâle et fin de l’enfant qui, de douleur, se mordait les lèvres jusqu’au sang. Les déchirant presque.


    Et ce schéma se perpétrait encore et toujours. Sans jamais cesser.

    Plus personne dans l’entourage de l’enfant, au sein des médias et de la population n’avait encore l’espoir de le revoir un jour, vivant. Victime certaine d’un pédophile aux tendances serial-killer, il serait retrouvé enterré dans un parc près de l’orphelinat Keroubim’house ou sous un nouvel immeuble.

    Un soir pourtant, Lawliet Wickedness de Sade, héritier de la famille du même nom, se réveilla devant la porte de l’orphelinat après avoir été violé à nouveau la veille, ou quelque soit le temps qui le sépara de cette libération.


    Si libération elle fût…

     

     

    <-.•*`¯`*•.->

     

    Il faisait frais en ce début de soirée. Le soleil déclinait lentement. La brise soufflait désagréablement, balayant les minces brindilles fraichement coupées, encore visible sur les marches menant à l’orphelinat, dont les senteurs embaumaient les sens.  Le corps nu de l’enfant était déposé sur le pas de la porte, tel un funeste cadeau des cieux.
    Morphée le veillait encore lorsque des cris le ramenèrent à la réalité. 
    Des cris inconnus, étranges. Agressifs pour ses fragiles tympans n’ayant connu que les sons de ses propres exhortations et la voix de son tourmenteur ses derniers mois. Des hurlements que Lawliet pouvait pourtant identifier : des enfants en bas âges…

     

    Mais avant tout, les cloches du changement.

     

    Le miracle fit énormément de bruit au sein des médias. 
    Il y avait bien évidemment l’horreur dû à l’état de l’enfant, le fait que rien ne laissait espérer qu’il puisse être rendu à sa famille, mais surtout la durée de séquestration du petit. Une année était passée. C’était tellement et si peu à la fois.

     

    Mais revenons-en à cet ancien chérubin, petit agneau innocent et laissons tous ses fouineurs à leurs divagations insensées, sans vouloir faire preuve d’animosité.

    Quelle immense mascarade que ces dernières années !
    Il venait de s’en rendre compte alors que, toujours aussi vêtu qu’au premier jour de sa naissance, Lawliet observait de ses froids et vides orbes céruléens sa mère le trainer dans la poussière. Les jambes repliées, tentant vainement de préserver le peu de pudeur qu’il lui restait, l’enfant se recroquevillait sous le dégoût qu’il inspirait à sa ‘tendre’ et ‘aimante’ mère.

     

    « C’est impur et souillé que tu te présentes ici ? Toi aussi tu souhaites me faire souffrir ! N’ais-je pas assez enduré par ta faute et celle de tes sœurs ! »

     

    Perdu, l’achromique toisait d’un regard distant celle qui devait l’accueillir avec amour, et qui, il avait osé l’espérer, aurait pu le réconforter. Il n’en valait visiblement pas la peine, sale et sottement déchu. Il se contentait de l’écouter, en silence. Dans ce silence de plomb qu’il avait tant voulu briser et dans lequel il s’enfermait désormais.

     

    « Lavlah tout d’abord, ne pouvant hériter du nom de ton père, m’a obligé à de nouveau enfanté. A t’enfanter ! Et toi, toi ! Toi tu disparais, me forçant de nouveau à me soumettre à mon mari ! Au moins lui ne peux plus voir d’autres femmes depuis Lawrence… »

    Elle le regarda, froidement, avant de lui administrer un soufflet.


    «  Ne pouvais-tu pas rester à ta place, obéir et te taire sottement comme tu l’as toujours si bien fait ! »

     

    D’un geste rageur et désespéré, la mère agrippa les cheveux de son enfant en l’attirant vers le haut, s’abreuvant des quelques traits s’étirant légèrement de douleur sur son visage déjà meurtri.
    Adélaïde le détaillait. Ce corps encore enfantin, aux courbes juvéniles, lui ressemblait assez par certains aspects. Par cette fragilité féminine qu’il garderait surement. Mais ces yeux, ces cheveux, ce nom… Une partie de cet enfant était marqué par son mari et elle ne pouvait le supporter. 
    Voir en ce fils cet homme exécré lui donnait la nausée, encore plus que les immondes tâches esquissant un dessin sur le corps d’albâtre, s’essoufflant en face d’elle.

     

    « Tu es infâme. Tout dans ton apparence est abject… Tu me fais encore plus honte qu’avant, Lawliet. Et surtout… surtout, ne t’approche jamais de mes enfants ! »

     

    La femme, dans sa chemise de nuit de dentelle blanche, remonta les escaliers pour faire cesser les pleurs que tous entendaient dans la bâtisse. Ils avaient entendu le discours de la directrice. Lawliet était renié. Les yeux ternes, il ne réagissait pas, fixant encore le vide où se tenait sa mère quelques instants plus tôt, tandis que les domestiques se chargeaient de le conduire dans son ancienne chambre.

     

    Ils s’en firent sortir violemment, sans un mot de la part de l’enfant qui s’écroula sur entre ses draps. Lawliet s’endormait lentement, se laissant tomber dans un sommeil dévastateur lorsque des pas résonnèrent le long du corridor, pour finalement marquer un temps d’arrêt devant sa porte. Il se redressa légèrement, fièrement, s’attendant à être de nouveau estropié et détrôné, comme il se devait de l’être, quand la voix de son ainé Lawrence retentit, lente et perfide :

     

    « Tu n’as nulle part où aller, mon tendre petit frère. Personne ne t’aime, je l’ai toujours su. Ils te mentent tous, ils se jouent tous de toi, même tes petits camarades. Crois-tu que ces enfants jouaient avec toi, pour toi ? Personne ne te voit vraiment Lawliet. Il n’y a que ton statut qui compte. »

     

    Insidieusement, les paroles s’infiltraient dans son esprit. Cela lui semblait tellement vrai. 
    Et puis, qu’avait-il d’intéressant à part le sang qui coulait dans ses veines et qui prouvait un minimum son importance. Ce sang qu’il avait versé. Il n’était rien, même s’il était destiné à devenir quelqu’un. Enfin… Même s’il avait été destiné à devenir quelqu’un à l’époque. 
    Maintenant, à quoi bon ? Il ne servait plus à rien. Il était sale, faible… Même si…
    Même s’il pourrait se venger de tous. De ses parents, de ses camarades, de sa sœur, des gens, de son agresseur… Il pourrait prendre le dessus sur la vie, ne pas se laisser abattre. Se venger même de son frère qui comme les autres est…

     

    « Mais moi je t’aime tu sais… »

     

    A moins que lui ne soit pas comme les autres. Mais accorder sa confiance serait-il judicieux ? 
    Il avait tant souffert. Il était marqué au plus profond de sa chair et de son âme, comment faire confiance. Il pouvait peut-être encore. Une dernière fois. Certaines personnes n’y étaient pour rien pas vrai ? 
    Son grand frère l’aimait. Il lui avait dit et l’avait toujours protégé. Et puis Mad et Devlynn, ses amis. Eux n’étaient pas comme les autres enfants de l’orphelinat. Ils le connaissaient. Tant qu’il avait des alliés, tant qu’il pouvait respirer, et faire confiance il n’avait pas à sans faire. N’est-ce pas ?

     

    « Je t’aime vraiment… Mon magnifique… Mon majestueux… Mon éphémère et instable petit, tout petit papillon aux ailes brulées… »

     

    Le rire de Lawrence se répercuta dans le corridor, alors que dans la chambre, Lawliet s’enfouissait d’incompréhension et de douleur sous ses draps de flanelle alors qu’il reconnaissait ces mots... ses mots.  A lui.
    Ce lui qu’il avait tant maudit… c’était… lui ?
    Et il pensait qu’il pourrait l’absoudre ?

     

    Jamais !

     

    Le lendemain fut une journée épique. 
    Entre le bruit que fit son retour chez les domestiques, et chez les orphelins et la réaction du paternel, Lawliet en vit de toutes les couleurs. Mais il s’adapta. 
    Il glissait de petits sourires désabusés aux jeunes femmes occupées par les enfants, restait froid et acide avec les autres orphelins qu’il avait réussi à faire fuir en leur montrant ses marques et avait joué la carte de la soumission avec son père qui le punit sévèrement en rajoutant quelques cicatrices à son dos « puisque cela lui avait plu ».


    Lors de sa seconde nuit, on pu voir une petite raie de lumière restait allumée et passait discrètement sous la porte de sa chambre. L’enfant n’arrivait-il plus à dormir dans le noir, ou lisait-il ? 
    Les quelques fantômes qui se promenaient en ces heures tardives ne se posèrent la question que peu de temps. Mieux valait ne plus approcher l’enfant, qui, disait-on, était fou de chagrin des propos brutaux de sa mère à son égard. Quelques enfants, s’amusaient même à le dire fou tout court et que le fuir était bien mieux.

    Ils ne savaient pas à quel point cette idée était sage. 
    Mais, étaient-ils bêtes de dire de telles sottises? Ce n’était qu’un enfant… N’est-ce pas ?

    Les jours puis les semaines avaient suivi leur chemin. 
    Février était arrivé, fébrile et joyeux alors que, doucement, la vie reprenait son court.

    Lawliet avait renoué des liens avec ses amis Leen et Mad, s’entendant avec eux encore plus intimement qu’avant. Certes, il refusait de leur parler de cette année de disparition, mais Mad ne le forçait aucunement, se contentant de veiller soucieusement sur son meilleur ami qu’il avait cru perdu. Les deux enfants s’étaient inquiétés, et les retrouvailles avaient été placées sous les larmes de soulagement de Devlynn. (« C’est Leen ! » argumentait-toujours autant l’enfant.)

    Le blondinet faisait bonne figure en présence de sa mère qui l’ignorait ou qui, au mieux, lui faisait faire quelques courses pour les jumeaux dont elle avait accouché durant l’année passée. Des faux jumeaux. Deux petits-êtres nommés Lazare et Liliane. Deux petits bouts de chairs qui, il y songeât quelques années plus tard avec amusement, aurait pu être leur rédemption à tous.


    Sombres crétins.

    Lawliet souriait faiblement, se fermant ostensiblement en la présence de son ainé, et accomplissant toujours les tâches que lui ordonnait d’effectuer son père. Tout suivait tranquillement son cours, sans se rendre compte que quelque part, la machine s’était enrayée. 
    Qu’un petit grain de sable, aisément nommée démence, s’amusait à faire crisser les rouages de cette bâtisse. Après… Allez savoir d’où tout partira. 

    Six mois étaient désormais passés et de l’eau avait coulé sous les ponts. Une étrange situation s’installait au fil des jours, un malaise perfide l’accompagnant. 
    Lawliet souriait de plus en plus, serviable et rieur comme n’importe quel enfant bien que toujours brimé par certains. Sa mère le rabaissait, son père l’utilisait et son frère existait.


    Rien de bien passionnant de l’extérieur. 
    Lawliet pourtant, loin de la crédulité qu’on semblait lui attribuer, songeait aux paroles prononcées par Lawrence à son arrivée, tout comme les mots de ses parents. Il cherchait un moyen, de comprendre. De savoir si, réellement, son frère était derrière son année de malheur, si c’était lui qui avait pu faire une chose pareille. A comment montrer à son père qu’il n’était plus un pantin, mais qu’il savait être assez perfide pour gérer un jour une entreprise et voler de ses propres ailes. Et surtout, lui prouver qu’il ne pouvait pas avoir toujours le contrôle de ses idées et réactions.



    « Baa baa black sheep
    Have you any wool?
    Yes sir, yes sir,
    Three bags full.
    One for the master
    One for the dame
    And one for the little boy
    who lives down the lane.
    Baa baa white sheep
    Have you any wool?
    Yes sir, yes sir
    Three needles full
    One to mend a jumper
    One to mend a frock
    And one for the little girl
    With holes in her socks.
    Baa baa grey sheep
    Have you any wool?
    Yes sir, yes sir
    Three bags full
    One for the kitten
    One for the cats
    And one for the guinea pigs
    To knit some woolly hats.»

     

    Dans la pièce adjacente, sa mère écoutait une vielle servante fredonnait une berceuse à son petit frère et à sa petite sœur. Ces deux gamins hurlant à tout bout de champs et lui déchirant continuellement les tympans. Brisant la tranquillité de cette partie de la demeure, où, étrangement, il logeait. Les deux petits monstres, pleuraient de façon diurne et nocturne, constamment.
    Voici un autre problème à résoudre, avec sa mère, évidemment.

     

    Il ne voyait pas seulement comment faire. Il était jeune, inexpérimenté et n’avait guère d’idée. 
    Mais il savait une chose : sa vengeance sera totale. 
    Qu’importe les conséquences de ses actes ou les sacrifices… Il y arriverait.

     

     

    « Suffit ! »

     

    Ne pouvait-il donc pas cesser de clabauder incessamment ! Lawliet, l’air indifférent à tout ce que son père pouvait lui persifler, n’écoutait déjà plus les remontrances dont il était la cible. C’était ainsi depuis son retour. Plus rien n’allait jamais comme il le fallait. Il obéissait pourtant comme un bon petit, jouant son rôle de marionnette avec talent mais rien n’y faisait. 
    Il ne pouvait même pas prendre connaissance de ses erreurs sans être corriger violemment. Fatigué, il avait fuit son père toute la journée pour éviter cette confrontation qui eut pourtant lieu. Lawrence, non content, de pouvoir l’approcher, lui avait ordonné de rejoindre leur père dans la chambre de leur parent alors qu’il sortait à peine de son bain. Aussi se retrouvait-il indécemment vêtu face à son géniteur, son peignoir couvrant son corps encore marqué par… son frère ?

     

    Il observait discrètement l’ameublement de la pièce, nouvellement réaménagé, quand le dos d’une main rencontra sans douceur sa joue.

     

    « Tu ne m’écoutes pas insolent ! 
    - A quoi bon, père ! Toujours les mêmes mots sont prononcés à mon égard.
    - N’est-ce pas pour une bonne raison, Lawliet ! Peut-être tout simplement car tu n’apprends rien et que…
    - Vous me fatiguez père, puis-je me retirez ? »

     

    La seconde claque fut amplement plus méritée que la première, il est vrai, mais cela n’empêcha pas les lèvres du gamin de s’étirer en un sourire railleur. Jouant à enrouler une mèche de ses cheveux autour d’un de ses index, Lawliet fixait insolemment son père qui refusait cette marque de rébellion.

     

    « Je présume que je dois prendre cet acte pour un non. Que puis-je donc faire pour vous satisfaire ?
    - Te taire ! Être moins insolent et réussir à devenir quelqu’un ! Ne comprends-tu pas que tu es souillé, comment veux-tu monter dans la hiérarchie et devenir quelqu’un ! Notre nom, en plus d’être sali, est… »

     

    Un ricanement, suivi d’éclat de rire aux sonorités fausses s’éleva dans la pièce, brisant les paroles de son géniteur. 
    La souillure de son corps avait quelque chose à voir avec les chiffres et les comptes maintenant ? C’est une fixation. Mais puisque tous souhaitait tant qu’il prouve ses capacités à monter en grade, n’y avait-il pas un moyen très simple… ?

     

    Reprenant son sérieux, le jeune garçon toisa son père d’un regard moqueur, détachant ses cheveux qu’il avait laissé pousser –au grand damne du dit père-.

     

    « L’important dans le métier est d’avoir l’argent, la position et le pouvoir. Je l’aurais par la succession n’est-ce pas ? Reste à pouvoir garder le tout en soudoyant mes adversaires et en les écrasant avec perfidie ? Là est tout mon apprentissage en dehors des leçons très terre à terre. J’ai compris le fond père, mais vous ne me croyez visiblement pas capable d’appliquer la forme. 
    - Tu ne l’es pas, fils.
    - Si je vous prouve ma valeur, qu’y gagnerais-je ?
    - Tes droits mais comment pourrais…mais… ?
    - … Dans ce cas, père, permettez !»  

     

     

     

    « Bêêêh !? »

    Le petit mouton de l’orphelinat se musardait gaiement entre portes, couloirs et statues de marbre lorsque l’ainé des Wickedness le bouscula sans un regard pour lui. Ce n’était pas une chose nouvelle, mais l’entendre pester si violemment contre son petit frère et son père aussi ouvertement, l’était plus certainement. Lawrence, représentant de la discrétion, bien qu’il soit plus virulent et perturbé ces derniers temps, perdait définitivement son sang froid.

    Il s’en fut donc poser quelques questions à son meilleur ami, qui, plongé dans un livre quelconque, sortait du même bureau. On était curieux ou on ne l’était pas.

    « Law ? »

     

    Son autre releva le menton, attrapant un mèche de ses cheveux clairs pour jouer avec, de l’index. Un tic qu’il avait toujours eu mais qui fascinait le petit mouton. Il avait toujours adoré voir son ami effectuer ce geste, pourtant anodin, mais qui le représentait si bien.

     

    « Qu’y a-t-il, hm ?
    - Je me demandais… ton frère a l’air fâché, ça a un rapport avec toi ? Je n’aimerais pas qu’il dise du mal de toi auprès de ton père.
    - Ah ! Ne t’inquiète pas, c’est à cause de moi qu’il est dans cet état. Il ne supporte pas de voir que j’ai enfin toute l’attention de notre père et qu’il n’y peut plus rien !
    - Vraiment ? Tu vas être plus tranquille maintenant ? On pourra rester plus souvent ensemble ?
    - Je ne sais pas vraiment… murmura le garçonnet, méfiant.
    - C’est que tu me manques tu sais… à Leen aussi, hein mais… »

     

    Lawliet observait son rougissant ami, ne sachant comment expliquer sa situation. Il est vrai que depuis son retour, la distance qu’il mettait avec autrui avait augmenté. Il restait dans ses livres, souriait toujours et semblait être comme ‘avant’.

     

    Mais rien n’était plus pareil, sans que le petit mouton ne puisse dire en quoi.
    Peut-être le regard bleuté de Lawliet s’était-il teinté de quelques nuances glacés, où s’abritaient désormais les ombres de son passé ? À moins que ce ne soit son refus d’être trop approché par les autres, ou de s’amuser. Mais plus certainement, la perte de sa joie de vivre, qu’il ressentait encore chez son ami malgré les charges familiales sous lesquelles il fléchissait les derniers mois.

     

    L’enfant sortit de ses pensées brumeuses lorsqu’il sentit son meilleur ami, misanthrope sur les bords depuis peu, se réfugier dans ses bras pour le rassurer.

     

    « Tu me manques aussi, mon petit mouton, mon petit Mad. »

     

    Sur ces simples mots, il s’éloigna, un sourire mutin aux lèvres. Ce sourire était pourtant loin de ceux qu’il esquissait dans cet avant que beaucoup avait aux bout des lèvres. La manière dont ses lèvres se fendaient, tendaient plus vers le rictus malsain qu’autre chose. Enfin, peut-être est-ce à cause de ces activités qu’il jugeait nécessaire pour reprendre les reines de la société familiale. Qui sait ?

     

     

    Des bruits furent perçut de l’autre côté de la porte. Adélaïde Wickedness, anciennement Adélaïde Kattunge, brossait ses longs cheveux blonds, presque blanc, alors que deux serviteurs hésitaient à la déranger à une heure si tardive.

     

    Les vingt-trois heures avait déjà étendu leur voile sur l’orphelinat depuis plusieurs minutes, comme l’indiquait l’ancienne horloge à pendule qu’elle avait hérité de sa famille. Ses enfants dormaient, paisiblement, ne se souciant de rien. Ne se doutant pas qu’aux yeux de leurs mères, ils ne servaient plus à rien. Mais ils étaient là. Elle s’en occuperait donc.

     

    Loin de se préoccuper des considérations intérieures de sa maitresse, une bonne se décida à pénétrer dans la chambre, sa timidité transparaissant dans le moindre de ses mouvements.

     

    « Est-ce une heure pour se présenter mademoiselle ?
    - Veuillez m’excuser, madame, mais je tenais à vous informer d’un fait qui se déroule depuis bientôt deux semaines. 
    - Parlez.
    - Oh ! Je ne suis au courant que depuis cette petite durée, mais mes collègues me conseillaient de ne rien dire. J’étais tout de même mal à l’aise alors je…
    - Mademoiselle, abrégez s’il vous plait, mes enfants dorment !
    - Pardonnez-moi, madame. Voila… »

     

    Un silence inconfortable s’installa, flirtant avec la tension que la maitresse de maison ressentait en cet instant. Que se passait-il donc encore dans cette bâtisse ?

     

    « Il y a quelques temps déjà, alors que je sortais de mes appartements pour aller me rafraichir suite à un cauchemar – elle rougit de cette précision, avant de redevenir plus grave – j’ai vu de la lumière dans le bureau de votre mari. 
    Oh, je sais qu’il ne faut pas médire sur monsieur, et je ne le ferais pas ! C’est juste que… enfin, je suis passée assez près, sans faire exprès, et j’ai entendu des bruits. Je… Enfin, je peux me tromper, mais madame devrait aller voir dans le bureau de son époux un soir. »

     

    La mère de Lawliet, les poings serrés, réfléchissait. Mike oserait-il la tromper à nouveau, après toutes ses années ? Et avec qui ? Elle fit sortir la jeune femme, craintive face à l’expression de haine qu’Adelaïde affichait. 
    La bonne retournait à ses appartements, songeuse. Aurait-elle fait une erreur ? Peut-être aurait-elle dû écouter son ami, et se taire… Mais bon, le mal était fait maintenant. Et puis, pas de quoi en faire un drame, hein ?

     

     

    Entre deux portes, entre deux corridors, une belle robe blanche flottait dans la nuit. 
    Est-est-ce un fantôme ou tout autre esprit, perdu sur ces chemins sinueux que forment les couloirs de l’orphelinat ? Pas vraiment. 
    Une femme, aux longs cheveux blonds, vêtue en tout et pour tout d’une nuisette brodée délicatement, errait, incertaine, dans une partie bien spécifique du bâtiment.

     

    En ces lieux reculés se trouvait le bureau de son époux. Quelques nuits plus tôt, une servante un peu trop curieuse lui avait rapporté, les faits suivants : les activités nocturnes de son époux ne seraient pas classées sous le signe du travail.

     

    Elle le savait libertin pour en avoir souffert au début de leur mariage, mais vite, elle l’avait remis sur le droit chemin, le menaçant de tout dévoiler à la presse. D’un accord tacite, ‘son homme’ n’avait plus touché d’autres femmes à part elle, qui se faisait un plaisir de refuser ses avances qui le répugnaient. Alors avec qui la tromperait-il ?

     

    Adelaïde prenait pourtant bien soin de prévenir toutes les femmes et les hommes – sait-on jamais –entrant à son service qu’elle ne tolèrerait aucun écart de conduite de ce type. Mieux vallait prévenir que guérir, n’est-ce pas ?

     

    Alors qui ?!

     

     

    Les pas du fantôme résonnaient légèrement, sans doute à cause de la fébrilité de celui-ci. 
    Adélaïde était proche du bureau à présent, mais elle hésitait. Qu’y trouverait-elle ? Peut-être n’y avait-il rien d’autre que quelques fabulations de la part de la souillonne l’ayant prévenu des bruits.

     

    Elle s’avança encore, avisée, ne souhaitant pas se faire surprendre lorsque des gémissements se firent entendre. Ecarquillant les yeux de surprise et d’incrédulité mêlées, ses mains fines retenant prisonnières un cri entre ses lèvres, elle reconnut la voix de son détesté époux.

     

    C’est avec haine qu’elle ouvrit la porte, sans se soucier à présent de se faire remarquer ou non. Elle se figea néanmoins devant l’incongru spectacle qui se déroulait sous ses yeux exorbités.

     

    Le bureau dévasté, Mike Wickedness observait l’inconnue qui le faisait gémir, le surplombant. La femme semblait-être petite de taille, bien qu’élancée et fine. Elle chevauchait son époux dont le visage était caché par un fin rideau de cheveux clairs. Très clairs. Trop peut-être ?

     

    Elle chercha à tâtons l’interrupteur qui lui permettrait de voir l’inconnue, bientôt aveugle vu le sort qu’elle lui réservait. Quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’elle vit que son inconnue était un inconnu. 
    Et pas si étranger que ça à sa personne.

     

    Car sur le corps de son époux, l’observant narquoisement un sourire fleurissant ses lèvres purpurines, Lawliet Wickedness continuait sa besogne, abandonnant son corps à celui qui le réclamait malgré son intime aversion. Il se mordit la lèvre inférieur, non de plaisir comme le cru sa mère, mais de douleur, sans rien laisser transparaitre. Il devait continuer de jouer de son corps, fin et félin, pour atteindre son but. Poupée de chiffon jusqu’au bout des ongles, mais railleur et moqueur, sa voix s’éleva, taquine et suave alors que l’une de ses mains glissait sur le torse large de son géniteur.

     

    « Tiens ! Une voyeuse ? Ce n’est plus la petite damoi…selle de la dernière fois, visiblement. »

     

    Il ne put retenir un petit rire clair à la vue de sa mère, le visage décomposé, observant la scène sans pouvoir s’en détacher. Pétrifiée. Mais lorsqu’elle croisa le regard voilé de son époux, elle ne put que s’enfuir en courant, loin d’eux, loin de ce monstre qu’elle avait porté en son sein.

     

     

    Le lendemain, Lawliet Wickedness croisa sa mère qui le gifla de toutes forces, sans un mot, surprenant tous les spectateurs n’ayant rien suivit à la scène. L’enfant se contenta de lui adresser un regard douloureux, emplit de larmes contenues.

     

    « C’est une honte de frapper cet enfant. 
    - Un petit ange comme lui devrait avoir une vie meilleure, avec plus d’affection.
    - Quelle mère indigne ! J’ai entendu dire qu’elle… »

     

    Autour d’eux, les commérages allaient bon train. Mais Adélaïde ne tentait pas de les arrêter. Cela ne servirait à rien. Tout comme accuser son fils pour ses méfaits. Elle le voyait pourtant elle, ce sourire machiavélique qu’il tentait difficilement de réprimer en sentant sa rage.

     

    Lawliet se releva, reprenant un visage neutre. Il s’avança vers sa mère, la dépassant sans un regard, sans un mot, bien qu’il marqua un arrêt près d’elle, attendant semble-t-il qu’elle lui porte une quelconque attention. Du moins, on aurait pu le croire.
    L’albinos avait pourtant articulé quelques mots à l’intention de sa mère, alors qu’ils se croisaient. Une sentence, une remontrance. Une constatation.

     

    « La fidélité est dans la vie sentimentale ce qu'est la fixité des idées dans la vie intellectuelle : un aveu de faillite. N’en êtes-vous pas la preuve, mère ?»

     

     

    L’achromique était définitivement orphelin. De père, de mère, de frère et de sœur. 
    Toujours en vie mais ennemis. Il croisa d’ailleurs sa plus grande haine, sa plus grande peur aussi.

     

    « Bonjour petit frère. »

     

    Un frisson d’appréhension lui remonta l’échine. Ses yeux lui hurlaient sa haine, sans pouvoir se contenir. Pas envers lui, qu’il devinait source de tous ses malheurs. Qui était aussi source de toutes ses peurs. Ses seules peurs. 
    Il devait pourtant s’en assurer. Pour pouvoir mieux l’éliminer.



    N’est-ce pas ainsi que l’on procède avec la vermine ? Tout cet orphelinat était vermine même. Ils méritaient de mourir. Tous. Tous autant qu’ils étaient le trahissaient, le dénigraient. C’est dans la Nature de l’Homme que d’être vil, bas et fourbe. On lui reprochait même de ne pas se mettre au niveau des autres. Un comble. Devait-il être aussi sot, aussi incapable et inutile que les autres pour se fondre dans la masse ? Et à quoi bon ?

     

    Il ne souhaitait que faire taire les sources de ses ennuis au plus vite. Pour pouvoir respirer loin de l’air suffocant de ce lieu.

     

    « Lawliet, je te parle ! »

     

    Encore une absence, comme disaient les médecins qui le suivaient, en riaient. A cause de son « traumatisme ». Comme s’il pouvait avoir peur du noir, ou des endroits clos à cause d’un passage aussi insignifiant de sa vie…

     

    Il reporta son attention sur son ainé qui le toisait, amusé.

     

    « Cela va faire un an…
    - Comment ?
    - Un an que tu es revenu ici, Law…
    - … 
    - J’espère que tu sauras te souvenir de ces bons moments. »

     

    Ricanant, il caressa les cicatrices qu’il savait présente sur la joue de son frère. Lawliet cachait ses brûlures par du maquillage, ne souhaitant pas qu’on le dévisage mais, à chaque fois que son frère faisait ce geste, il était intimement convaincu qu’il était son bourreau sans visage.

     

    Tout dans son attitude, ses paroles à double sens, ses sourires et regards rieurs s’escrimaient à le convaincre intimement. Il n’arrivait même plus à douter, lorsque le tracer du dessin était aussi bien retranscrit par les fins doigts de son ainé, même cachés.

     

    Il se dégagea violement, un rictus aux lèvres.

     

    « Ne me touche pas Lawrence.
    - Ahaha ! Cela me change de ton attitude rampante… La gifle de mère t’aurait-elle redonné un peu d’amour propre ?
    - J’ai peut-être une attitude rampante mais je ne suis pas une larve, moi.
    - Espèce de...
    - Je croyais pourtant qu’elles n’avaient qu’une durée de vie de quelques jours. Visiblement, il y en a des tenaces ! Rajouta-t-il, le coupant en riant »

     

    Lawliet parvint à fuir la présence de son frère en courant jusqu’à sa chambre, jouissant de l’air mauvais qui avait étiré les traits de son ainé. 
    Il pouvait toujours lui rappeler ses malheurs, dont il semblait-être l’instigateur, mais à présent, il savait appuyer là où cela faisait mal et analyser les faiblesses des autres pour en tirer profit.

     

    « Mais ils vont tous comprendre, que faire de moi un jouet est la pire des insanités ! Je deviendrais le marionnettiste de leurs misérables existences ! »

     

    La haine le prit sournoisement toute la nuit, alors qu’il attendait impatiemment l’arrivée de ce lendemain, sans lendemain.

     

     

    Orphelinat Wickedness – Keroubim’house – 13 Décembre 2002

     

    Il était venu l’heure des onze ans du Petit Prince aux cheveux de lune et aux grands yeux anthracite brillant de malice et de tristesse. Ses deux amis, grâce au dévouement des responsables de la bâtisse, avait réussi à lui trouver un magnifique cadeau que Mad irait bientôt chercher avec une surveillante, nerveux. Les adultes les avaient aidés dans leur entreprise et ils leur en étaient reconnaissants.

     

    Peut-être que leur présent saurait redonner le sourire à leur petit Lawliet qui grandissait pourtant bien vite. Trop vite.

     

    La petite Leen aux boucles folles cherchait son camarade dans tous les recoins, songeant qu’il avait dû se terrer dans un coin reculé, pour échapper aux regards des autres. Elle emprunta l’un des vieux couloirs, calmement, sachant que Law’ aimait s’y promener. Elle l’y trouverait sûrement !

     

     

    Ou peut-être pas. 
    Car le jeune garçon qu’elle poursuivait le cœur en fête était bel et bien introuvable pour quelques temps encore, trop occupé à convaincre son père de ses capacités pour la dernière fois. Aujourd’hui, leur petit jeu allait sensiblement se corser !

     

    Cette idée lui permit sûrement de supporter avec plus d’aisance l’infecte situation dans laquelle il se trouvait présentement, les cuisses à nouveau écarté et un homme en lui, déchirant et meurtrissant encore ses chaires. Une fois de plus, comme si son destin était de rester à ce niveau pitoyable de la société. Il se faisait l’effet d’une putain, malgré les nombreuses douches qu’il prenait pour tenter d’ôter la souillure de son corps à nouveau abandonné au vice de l’Homme.

     

    Deux mains amples vinrent s’échouer sur ses hanches étroites, l’asseyant sur l’impur bureau, spectateur involontaire de ces ébats incestueux. L’homme d’âge mur, et pourtant fou de faire preuve de tant de barbarie envers son enfant, s’amusait des soubresauts apeurés qui faisaient tressaillir de rage et d’horreur sa jeune proie. La rage de ne savoir enfermer ses souvenirs dans sa mémoire, et l’horreur de les revivre. Mais cette fois-ci, ses frissons étaient plus impatients qu’autre chose.

     

    Il attendait, fébrile, l’instant où l’autre s’enfouirait en son sein, et où il le ferait prisonnier. Cet instant arriva bien vite, alors que, en l’absence de préparation, il se tendit de douleur, entrouvrant les lèvres en un cri muet, ne souhaitant pas attiré l’attention sur sa personne. Son père semblait de toute manière trop satisfait pour chercher à savoir dans quel état, lui, se trouvait.

     

    La douleur se fit plus pressante et violente, au fur et à mesure que son dos râpait contre le bois sombre du bureau, son corps étant en proie aux assauts de son nouvel agresseur. Néanmoins, il faisait l’effort de rester droit, la tête rejetée en arrière, simulant tant qu’il le pouvait le plaisir.
    La feinte semblait correcte car même lorsque ses mains échouèrent nonchalamment sur un manche froid incrusté de pierres précieuses, son père ne le remarqua pas.

     

    Mike se contenter de perpétuer son plaisir, qui augmentait sensiblement aux mouvements indécents de la petite chose ondulant sous lui. Il se sentait au bord de l’extase, sur le point de jouir lorsque…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Angleterre – Winchester- Retour dans l’une des chambres de la Wammy’s House

     

    Un sourire mesquin accroché au visage, étirant ses lèvres qui semblaient forcées et peu habituée à être ainsi relevées, Legacy connu une agréable jouissance au fond d’un corps anonyme. Il se retira bien vite, ses longs cheveux gris perles semblable à ceux du petit génie de l’établissement –bien que sûrement plus soyeux- caressant le creux de ses reins. 
    Un grognement de protestation, plaintif et désœuvré retentit alors.

     

    « T’as vraiment pas de figure ! Tu vas pas me laisser comme « ça » !
    - Visiblement, tu as trouvé tout seul comment se termine notre entrevu. Dehors. »

     

    Ramassant obligeamment les vêtements froissés de sa victime consentante, et surtout insatisfaite, offrant la vue affolant de sa croupe dévoilée, l’albinos ouvrit la porte de sa chambre double, visiblement peu inquiet d’être vu en tenue d’Adam dans le couloir. Ce même couloir où il jeta, dédaigneux, les frusques de l’homme qui protesta d’un faible « Mais ! ».

     

    Quelques minutes plus tard, Legacy se retrouvait seul, repu, dans sa chambre, alors que de l’autre côté de la cloison, le jeune homme s’activait à se rhabiller, priant pour que personne ne passe dans le couloir, et maudissant le salaud l’ayant abandonné ainsi.

     

     

    Wammy’s House – Salle de Bain

     

    Chose amusante, la salle d’eau était fermement et résolument inaccessible à cette heure avancée. La plupart des élèves avaient dû regagner leur dortoir –même Hate qui devait pester contre l’odeur de sexe régnant dans leur chambre… peut-être n’aurait-il pas dû le faire sur son lit par ailleurs…- et le silence régnait en maitre.

     

    Par la serrure, peu de chose était visible. Quelques vêtements aux tonalités noires jonchant le sol négligemment, comme s’étant arrachés du corps de leur propriétaire, venu pour se ressourcer et prendre, certainement, une douche salutaire.

     

    Si quelqu’un avait pu pénétrer dans la pièce, il aurait constaté qu’en dehors des vêtements, de longs cheveux argentés coulaient sur le sol. Coupés sauvagement. Savamment ?
    En regardant de plus près, cette personne aurait même pu constater que les cheveux couleur lunaire, était en réalité blond. D’un blond richement décoloré, ou coloré, qui sait. 
    Mais certaines personnes seraient sûrement tombées des nues en le sachant blond comme les blés. Un Boucle D’Or des temps modernes presque. 
    Il valait mieux que cela ne s’ébruite pas, à la réflexion. 
    Imaginez la réaction de notre Cher Antisémite des Blonds en tout genre…

     

    « J’entre à pieds-joints dans mon bain de pensées, 
    J'ai pris le temps de mouiller mon savon parfumé, 
    Je laisse, laisse aller mon dos dans l'eau douce, 
    Un peu de couleur salée aller dans la mousse… »

     

    La radio crachotait doucement un air pop-rock français, la sonorité douce s’alliant au bruit de l’eau vaquant à ses occupations dans l’une des baignoires de la pièce. En effet, l’une d’elle recelait d’un trésor peu commun.
    Le jeune homme nommé Legacy s’y trouvait, ensevelit sous une montagne de mousse atteignant même son nez aquilin. Ses mains fines clapotaient à la surface, crevant la perfection de l’eau, alors que son regard fixait obstinément un des miroirs embués de la pièce, cherchant semble-t-il à le faire fondre par la force de la pensée. Ses jambes, quant à elles, ressortaient sensuellement de l’eau, croisées et frôlant la surface carrelée du mur à intervalles réguliers.
    Un petit canard en plastique jaune barbotait dans l’eau, manquant de se faire noyer à chaque instant.

     

    Pensivement, il jaugea un magazine de mode que lui avait tendu dans l’après-midi cette peste de Kitty-Cat’, la bien nommée, Lust. Se redressant sommairement, il finit par attraper le stupide torchon afin de l’ouvrir à la page redoutée. « Faites votre Bilan du moment en 10 questions ». Tout un programme. D’ors et déjà exaspéré, il se massa, contrit, l’arrête du nez, se demandant jusqu’où pouvait aller sa camarade pour l’enquiquiner.
    Il se décida néanmoins d’y répondre avec la plus grande franchise –mwé…-, souhaitant pour que la midinette le lâche avec cette histoire après cette épreuve de franchie.

     

    1.    En amour, vous êtes plutôt du genre : 
    A. Célibataire de longue haleine.

    B. Adepte forcé du speed-dating.

    C. Pour les liaisons qui durent… un temps !

    D. Un pour le mercredi, un pour le samedi, et un autre pour le dimanche s’il est mignon.

    E. Casé et rangé.

     

    Legacy eut un sourire amusé, entourant dans guère d’hésitation la réponse D. Il avait eu sa période C, c’est vrai. Mais cela n’apportait pas grand-chose, et au final, le but restait le même : la baise. Les liaisons plus ou moins longues sont fatigantes. 
    « Surtout, songeât-il avec amusement, lorsque la liaison se prénomme Lawless. »

     

    2.    Professionnellement, vous êtes :

    A.    En apprentissage, plein d’interrogations.

    B.    Au chômage ou au foyer.

    C.    Actif morose.

    D.    Etudiant qui sait ce qu’il veut.

    E.    Actif-passif.

     

    Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, qu’il s’étonna de trouver court. Encore un accès de folie dû à Son fantôme. Revenant au questionnaire, il grimaça. C’était typiquement un magazine féminin construit sur les stéréotypes.
    Personnellement, la réponse était claire : D. 
    Il savait ce qu’il voulait, et l’obtenait toujours. De gré ou de force.

     

    3.    D’apparence physique, vous vous trouvez :

    A.    Question suivante.

    B.    Moui, ça va, pourquoi ?

    C.    On me dit plein de charme.

    D.    Plutôt bien mais j’en bave !

    E.    On se retourne sur mon passage.

     

    Ah, la superficialité féminine. Il manqua de jeter le magazine à l’autre bout de la pièce avant de soupirer. C semblait des plus réalistes… Mais pas assez « lui ». Et puis, on se retournait sur son passage. « Va pour E donc ! ». Il n’avouerait pour rien au monde que sa musculature délicate et ses abdos si délicatement dessinés, présentement cacher par la mousse, n’était pas cadeau divin, mais bien dû à un entrainement physique régulier.

     

    4.    Pour vous, le week-end, c’est plutôt :

    A.    Devant la télé.

    B.    Lectures, balades.

    C.    Soirées tranquilles entre ami(e)s.

    D.    Disco Fever baby !

    E.    Avec mon homme/femme sous la couette.

     

    Un rire léger, délicat et posé, s’aventura dans l’air, résonnant dans la salle de bain. « Disco quoi ?! ». Quelle étrange formule, dénudé de classe, que voila. Risible. La réponse E ne lui convenait pas non plus. Ce n’était pas « mon homme/ma femme » mais plutôt « ma chose ». N’ayant pas d’amis à proprement parler, il raya consciencieusement la réponse C, priant pour que Lust, dans un élan de générosité, ne s’invite pas pour lui tenir compagnie après avoir lu cette question.
    Il opta finalement pour la B, seyant le plus à ses habitudes. Même si les coups d’un soir se glissaient entre ces deux activités qu’étaient la lecture et les balades nocturnes.

     

    5.    Votre téléviseur vient de vous lâcher :

    A.    Comment vais-je survivre ?!

    B.    De toute manière, pour ce qu’elle me servait.

    C.    Vous vous documentez et demandez conseil au vendeur, puis décidez à deux.

    D.    Vous laissez un de vos proches s’en occuper, vous n’y connaissez rien.

    E.    Vous prenez tout en charge : on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

     

    D serait une hypothèse. Tout refourguer au larbin le plus proche, mais c’est connu. Son meilleur ami c’est soi. Réponse E.

     

    Le « Brit Lover » survola les questions suivantes, ennuyé de devoir réfléchir au cas de pitoyables fonctionnaires restant derrière leurs bureaux, comptabilisa les lettres avant de se reporter à la fin du test, devant lui révéler sa personnalité profonde, inconnu de tous –voire de lui-même.

     

    Vous avez une majorité de D : 
    « Cela ne fait aucun doute : vous êtes psychorigide. Vous ne souffrez aucune remarque et aucune critique, quelle que soit la personne qui la formule. Certes vos opinions sont basées sur votre expérience et vous êtes quelqu'un de rigoureux. Mais il arrive à tout le monde de se tromper ou d'avoir tort. Essayez d'écouter un peu plus vos proches : ceux-ci ne sont pas forcément contre vous lorsqu'ils ne sont pas d'accord. C'est au contact des autres que l'on apprend et que l'on s'améliore ! Essayez d'acquérir rapidement une plus grande ouverture d'esprit, sous peine de vous retrouver vite complètement seul ou entouré d'ennemis…
    « Vous adorez en plus faire de la provocation. Prêcher le faux pour savoir le vrai, énoncer des vérités qui font mal, tout cela vous amuse ! Attention tout de même à ne pas dépasser les bornes à force de vouloir choquer. Dans ce domaine, la limite est vite franchie, et les gens peuvent ne pas pardonner facilement !
    « Et vivre à deux ? Pourquoi faire ? Vous êtes très bien comme vous êtes ! Plein d'amis, une vie bien organisée, des aventures d'un soir... tout cela vous convient parfaitement. Pour tout dire, vous ne comprenez pas vraiment vos ami(e)s casé(e)s. Quoique certains soirs d'hiver...
    Allez ne soyez pas si morose et voyez la vie du bon côté !
    Les gens sont sociables et vous apprécie certainement, bougez-vous un peu et élargissez vos horizons. La vie ne pourra que vous sourire !

     

    Un air consterné affiché, il opta finalement pour sa première impression : se débarrasser coute que coute de ce ramassis de connerie. Le moyen le plus simple, présentement, fut de le plier avec rage avant de l’envoyer faire un vol plané au travers de la pièce.
    Que des âneries. Et pourquoi avait-il répondu déjà ? Ah oui. Lust. Encore et toujours.

     

    Legacy, suite à cette curieuse expérience, ôta le bouchon de la baignoire, la laissant se vider alors qu’il se relevait, s’exposant aux regards voilés des miroirs. Une fois rincé, il s’extirpa de l’eau, observant l’une des surfaces opaques.
    Son corps fin et élancé s’y reflétant tant bien que mal. 
    Rageur, il effaça la buée, se retrouvant nu sous le regard scrutateur de son double.
    Sa main s’éleva, pensive, avant de partir de son œil droit, caressant ensuite son cou, son torse. Redessinant des arabesques lancinantes, souvenirs incandescents et indélébiles.
    Ces cicatrices. Ces brûlures inconstantes qui se cachaient, tant bien que mal, sous le maquillage qu’il s’apposait chaque jour.

     

    Ses doigts se crispèrent au bout de leur tâche.

     

    « Voyons. Cela te sied délicieusement bien. Mes brûlures sont comme mon sceau apposé sur ta délicate peau de pèche, Lawliet. »

     

    Le regard de l’interpellé se durcit, son regard fixant la forme présente dans le miroir. 
    Ce spectre –car il était mort ! de ses mains !- qui le harcelait. Ce membre infecte de sa famille. Son Bourreau.

     

    « Ta gueule Lawrence.
    - Est-ce des manières de s’adresser à son cher frère ?
    - Ta gueule, j’ai dis.
    - Pourquoi ma voix t’horripile ? Mais j’en suis tellement attristé. Pourtant… Tu ne serais rien sans cette sonorité. Sans moi. 
    - …
    - Et puis, il y a notre ‘serment’ mon adorable petit lepidopt…
    - TA GUEULE ! »

     

    Avec véhémence, il s’empara de son parfum –Arden for Men- et se retourna, projetant, les yeux clos, le flacon là où son frère lui était apparu. Seul le bruit du verre qui se brise lui répondit. Et aussi, le rire cynique de son frère, résonnant dans son esprit.

     

    « Enfoiré. Et ce con de parfum qui m’embrume les sens. »

     

    L’achromique se rhabilla prestement avant d’ouvrir la porte à la volée. 
    Observant le vide, constatant les restes de son parfum, brisé en milles éclats, il ne put dire qu’une chose avant de fuir cette pièce qui l’étouffait.

     

    « Les serments sont dits pour être brisés. »

     

     

    Bonus 

     

    Enfin détendu, ou presque, le jeune homme se dirigeait vers sa chambre, bien qu’il soit près d’une heure du matin. Pénétrant dans son antre, il eut l’horreur et la putréfaction de voir une forme endormie sous SES draps.
    Pestant, l’albinos allait entreprendre d’éjecter proprement le squatteur de son lit lorsqu’une voix délicatement chaude –bon ok, pâteuse, mais son délicieux camarade de chambré dormait visiblement encore cinq minutes plus tôt- se fit entendre.

     

    « Legacy…. Lave mes draps, dors dans mon lit, assumes tes conneries, ce que tu veux, mais t’auras pas ton lit tant que ça ne sera pas fait. Maintenant, moi, je dors. »

     

    Une sueur froide coula le long de la tempe de l’interpellé. S’abaisser à jouer la femme de ménage pour ce… cet… pour Hate ?! Jamais. Autant coucher par terre !


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